Programme
Bernard Parmegiani La Serpente [1992] 51’00
Interprète : Jonathan Prager
Suite en neuf mouvements ; période musicale incluse dans la composition de médias
prise de son : Christian Zanési
musique paysage, retour de Transylvanie
1- La traversée
2- La Voix
3- Nature mêlée I
4- Nature mêlée II
5- Le Cercle
6- Tsiganie
7- Rouge et blanc
8- Marchand de cloches
9- La Serpente
La Serpente
1976- Transylvanie. L’automne, fracassant, affronte le grand ciel bleu… Surgissent, bariolés, deux manèges à chaises volantes, tournoyant haut par dessus le tumulte de la foire installée chaque année à la mi-novembre dans le village de Negreni, en hongrois Fekete To ; le lac noir. Là sur les vagues prairies du lac disparu, au milieu des fumées, des cris et des danses, un bonimenteur gesticule devant une baraque de toile et de bois, montrant un grand panneau, peint d’un serpent à tête de femme et longs cheveux.
Après quelques marches, derrière les toiles qui laissent passer la lumière et les bruits de la foire, le bateleur, désormais silencieux maître des cérémonies, conduit dans la pénombre une file de paysans rigolards qui trébuchent jusqu’à une sorte de sarcophage. Coiffé d’une tiare de cuivre, s’y tient assis un être sans bras, queue de serpent à la place des jambes. Il tire trois bouffées d’une cigarette qu’on lui place entre les lèvres. Aussitôt poussés vers le plein jour et le désordre de la foire, mes brefs compagnons de baraque se dispersent. Je garde, légèrement troublé, la sensation d’avoir assisté à quelque chose de dérisoire et de vénérable à la fois, d’avoir été mêlé, témoin d’une représentation maladroite mais persistante d’un vieux mythe de nos campagnes, à la naissance incertaine d’un de ces dieux qui apparaissaient au coin d’un champ ou à la corne d’un bois, dieux du lieu et de la saison, de la limite et du passage, où s’exprimait la merveille de la présence sans cesse surgissante du réel ; d’avoir pu, un instant, dans la figure fugace de cette Mélusine transylvaine, pressentir le sacré à l’état naissant, dans toute sa triomphante jeunesse.
Emmanuel Raquin-Lorenzi
Biographie
Né en 1927, il a passé sa jeunesse « entre deux pianos », celui de sa mère et celui de son beau-père : « J’étais effectivement pris entre deux pianos, c’est le terme exact, car, d’un côté de ma chambre, il y avait une pièce où mon beau-père, pianiste virtuose, s’occupait des grands élèves du Conservatoire qui étaient très avancés ; et de l’autre côté, il y avait ma mère qui faisait “dorémifasolasido” avec les petits auxquels elle enseignait Scarlatti. C’est elle qui m’a fait travailler pendant plusieurs années ».
En 1959, Bernard Parmegiani, alors ingénieur du son à la Télévision française, rencontre Pierre Schaeffer qui, peu de temps après, lui proposera la même fonction au Groupe de Recherches Musicales. Il y assiste alors I. Xenakis, L. Ferrari et F.B. Mâche.
En 1962, il participe au Concert collectif qui allait réunir dix compositeurs du GRM. Devy Erlih, violoniste, ayant assisté à ce concert, lui propose la composition d’une pièce pour violon et bande. Ce fut Violostries, créée en 1964. Ce fut aussi le réel point de départ de son œuvre musicale qui, plus de cinquante ans après, comprend plus de 80 opus auxquels s’ajouteront de nombreuses musiques de films et de télévision, musiques pour la danse, musiques de scène et design sonore : génériques pour Paris Inter, France Culture, Stade 2, France Musique, ainsi que le Sonal de l’Aéroport de Roissy Charles de Gaulle (1971-2005).