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Concert 12 : Carte blanche à Eric Broitmann
Tomonari Higaki La Mer de la Fertilité [2009-2011] 01h06
1e partie : Diamant 33’49
1. Préparatifs [06’22]
2. La Flamme et la voix [04’10]
3. Dans le mouvement [10’49]
4. Le Temps secret [03’43]
5. Holoniques éclatants [02’42]
6. Le Ciel et la mer [06’08]
2e partie : Matrice 32’12
7. Holoniques de la mère [06’52]
8. Incantation [07’24]
9. Dans cela l’affirmation d’une existence [14’12]
10. L’Esprit corporel [03’45]
« Chacun des cinq éléments exprime un son propre. Les dix royaumes sont dotés d’un discours. Les six sortes de souillures sont toutes figurées par une lettre. Le corps du Dharma est la vérité à l’état réel ».
Kükai (774-835), in Shoji Jisso Gi · La signification du mot, du son et de la réalité
Cette pièce acousmatique, La Mer de la fertilité, est divisée en deux actes et dix scènes, et s’inspire de la vision religieuse du monde dans le bouddhisme ésotérique, davantage que de la célèbre suite de quatre romans de Yukio Mishima qui fait allusion à une plaine du globe lunaire, désert absolu, mais en même temps « vide » c’est-à-dire « nirvana » ou « extinction ». J’en ai élaboré le plan à partir de l’étude d’un double mandala issu de cette école du bouddhisme tel que pensé par Kükai en particulier. Kükai est le fondateur du « Shingon » au VIIIe siècle (traduction japonaise du mot sanscrit mantra) une école qui enseigne à devenir bouddha dans cette vie avec ce corps : celui qui réalise que le fond de son cœur (bodhi) est le même que celui de tous les êtres, devient un avec le tout, il dissout son moi dans l’univers comme une goutte d’eau se dissout dans l’océan… L’iconographie bouddhiste reflète les sons matérialisés issus des cinq éléments que sont la terre, l’eau, le feu, le vent et le ciel, le sens du pluralisme des valeurs et l’harmonie en tout, la vie et la mort, le corps et l’esprit dans une vue non hiérarchisée, et leur rapport d’éternité.
La première partie, Diamant, se réfère en six scènes au mandala « Le Monde du diamant ». On peut y entendre les coups répétés des magnifiques percussions métalliques utilisées dans les cérémonies bouddhistes. Ici s’exprime le spirituel, le raisonnable, le masculin, la reconnaissance sans la chute éternelle, l’affirmation du corps et de l’avidité, etc. La deuxième partie, Matrice, en quatre scènes, reflète le monde du mandala « Le Monde de la matrice ». Le son se développe principalement sur un mode lent et doux : ici s’expriment douceur, matérialité, sensibilité, féminité, pitié et amour, évolution vers l’éternité, ressemblance avec la mère, etc.
Au fond, les concepts du bouddhisme ésotérique m’imprègnent toujours quand, avec impatience, je me lance dans la rédaction des notices de mes œuvres. « Ce qui ne peut se dire par des mots, je peux cependant l’éprouver ». [Shinichi Nakazawa, anthropologue].
Parce que c’est au travers de son corps que l’on perçoit et que l’on reconnaît, je voudrais que vous receviez cette musique comme une voix matérialisée qui s’exprime dans l’espace telle une sensation épidermique. [TH]
Contributions : Hitonobu Takeshita, guitare électrique · Hidefumi Izukawa, shakuhachi & koto · Tomonari Higaki, corps sonores & synthétiseurs · Ryonin Kawaguchi, voix.
Studio : Home studio (montage & mixage), studio de l’université des arts d’Osaka (enregistrement).
Merci à Ryonin Kawaguchi (Temple Senkoji).
Né en 1974 à Yamaguchi au Japon, Tomonari Higaki est compositeur, enseignant, interprète acousmatique et Ph.D. Après ses études de composition au Japon, il a poursuivi son apprentissage à l’Atelier d’été de création musicale de l’Ina-GRM (avec François Donato), puis au CNR de Perpignan avec Denis Dufour et Jonathan Prager, et enfin à l’ENM de Pantin avec Christine Groult. Ses œuvres sont jouées en France et dans de nombreux pays (États-Unis, Belgique, Allemagne, Japon, Italie, Chine, Israël, Corée, etc.), et sont également diffusées à la radio sur France Culture, France Musique et la WDR3 (Allemagne). Il a été lauréat du concours de La Muse en circuit (2002). Son œuvre Prisonnière a été sélectionnée par le festival des arts sur supports au Japon (2014). Tomonari Higaki a reçu des commandes de l’Ina-GRM, Motus, Syntax, Festival d’Art Contemporain « Hanarart », Teion Duo, Trio +, Hiroaki Ooi, Koji Kawasaki, Aki Takahashi… Il a été jury du concours international pour interprétation acousmatique Espace du son en Belgique (2014). Depuis 2021 il est professeur associé à l’université de Tokai.