Portrait Jean-Baptiste Favory
Interprète : Olivier Lamarche
1/ WAVING LIGHTS (création) 2016 7’20
Les accords d’une guitare blues s’évanouissent en un chaos harmonique, rythmés par un écho en réinjection sur lui même. Les trames de synthèses résultantes évoluent ensuite vers un drone final.
Tiré de l’album vinyl « Things under, 11 compositions for guitars & electronics ». Où l’on ne distingue plus les frontières entre l’acoustique et l’électronique, le concret et l’abstrait. Fruit d’une année de travail en studio, « Things under » sort du pré carré des musiques électroacoustiques pour tenter une nouvelle forme d’hybridation de la musique instrumentale avec l’expérimentation sonore.
Enregistrement et mixage au NanoStu.
2/ BAD TAPE NOSTALGIA (part 1) 2011 14’23
La cassette… un objet aujourd’hui presque oublié mais qui donnait la possibilité d’enregistrer
toute nos fantaisies.
Le souffle de la bande qui s’amplifie au cours des ans agit comme une sorte de voile qui finit par nous cacher l’origine des sons. Il est comme l’espace-temps qui nous sépare des éclats sonores du passé ; comme l’antique lumière d’une étoile très lointaine dont l’image nous parvient très affaiblie.
Cette pièce est un auto-portrait composé à partir de mes cassettes enregistrées de 1971 à 1988
Mixage au StuStu, Création à Paris aux Voûtes, le 4 mai 2016
3/ BRUIT MAUVE 1998 5’25
Pour Ana Favory
Sous la forme d’une relecture de l’étude violette de Pierre Schaeffer, la pièce reprend sa morphologie, la typologie des sons et l’idée de sa dramaturgie, centrée sur la solitude du compositeur, inhérente au travail de studio.
Enregistrement et mixage au StuStu; commande du Centre Pierre Schaeffer
Création à l’école normale de Musique de Paris et à la Cité de la Musique dans le cadre du cinquantenaire de la Musique Concrète en octobre 1998
4/ CHICHARRA 2003 10’45
Au Mexique, il existe une cigale (La chicharra) qui produit en fin de journée, un son à la fois étrange et puissant. Cela débute par des pulsations rapprochées qui par la suite se fondent chaotiquement en un son lisse. J’ai pu déterminer 8 partiels principaux dans le spectre harmonique de La “chicharra” ; auxquelles correspondent 8 instruments (Piano, percussion, basse, cithare, xylophone, banjo, guitare électrique, guitare acoustique). Ces instruments ne joueront jamais que des pulsations sur une seule note chacun, qui en s’accélérant, dévoileront le continuum secret existant entre rythme et son.
« chez les grecs, les cigales, ont longtemps suscitées l’évocation des origines et des limites de la musique. D’après Socrate, ces insectes furent tout d’abord des hommes qui, dès leurs premiers chants, éprouvèrent un plaisir si troublant à émettre des sons qu’ils oublièrent de boire et de manger et moururent sans même sans apercevoir. D’eux, ensuite, viennent les cigales qui ont reçu des Muses le privilège de pouvoir se passer de boisson et de nourriture ainsi que la faculté de chanter de la naissance à la mort sans discontinuer.
La « Chicharra » est une composition aussi paradoxale que le récit de Socrate : d’une part le chant des hommes cherche à reproduire, par les moyens de l’art, la « musique naturelle » des cigales, sorte de partition originaire d’avant l’art ; de l’autre, ce faisant, le son se surpasse lui-même dans une fureur mimétique et mortelle aboutissant à un silence extatique où se résolvent art et nature. Paradoxe cruel que « la Chicharra » interroge et illumine, l’hommage aux muses que les hommes transformés en cigales sont censées rapporter s’avère être un agonique tacet. »
Leopoldo Iribarren
Enregistrement et mixage au Blue-Box-Son. Guitares, basse et banjo joués par André Ménard. Création à l’université de Marne la vallée en 2005.
5/ ZONA DEL SILENCIO 2000 8’
La « Zone du Silence » est un carré de 40 km de côté dans le désert de Chihuahua où la faune et la flore font l’objet d’études spécifiques, où le sol est jonché de météorites, dont le magnétisme est censé perturber la réception des signaux hertziens. Il y règne un calme intense, très comparable à celui que l’on trouve à l’intérieur d’une chambre sourde.
Les sons de cette pièce ont été réalisés sur place, dans un silence très fort. Autour d’un micro toujours fixe, devenu sensible aux vibrations les plus lointaines, les déplacements donnent naissance à des variations naturelles d’espace et d’intensité. Ces paramètres font partie intégrante d’un jeu instrumental dont le dispositif volontairement restreint exclut tout recours aux manipulations électroniques ultérieures autres que filtrage et montage.
Enregistrement au Mexique; mixage à La muse en circuit; commande de La muse en circuit et dela SACEM pour le concours Horspiel 2000 (Parution CD). Création au festival des 40èmes rugissants
6/ MICROSPHERES 2014 11’07
Microsphères est une pièce en variation continue, où les relations établies entre les objets sonores deviennent au moins aussi importantes que les objets eux-mêmes.
« Microsphères…une eau qui dessine peu à peu les contours de son réceptacle“ (Michel Chion).
Mixage au MicroStu, Création à Paris, au Centre Musical Barbara le 3 mai 2016
7/ BIG ENDING 2007 2’30
Pour David Buxton
Les « Big endings » sont ces moments chaotiques et violents qui terminent beaucoup de morceaux Pop, Rock & Blues. Ces instants où l’occasion est donnée aux musiciens d’expulser leurs énergies individuelles agissent comme une libération symbolique où les règles strictes de ces musiques peuvent enfin êtres dépassées.
Ces « Grandes fins », organisées ici en un collage multipiste, sont aussi l’image sonore concrète de la fin du Rock n’roll lui-même, en temps que forme musicale novatrice et rebelle ; une forme qui n’évolue quasiment plus, tant elle est aujourd’hui devenue l’esclave du marketing.
8/ db, LES 7 VIES DE DAVID BOWIE 2018 10’46”
Une composition où la voix seule du chanteur est utilisée, grâce à des pistes séparées, trouvées sur le net. La pièce comporte sept parties d’une durée égale d’une minute trente, qui représentent les sept décennies (ou presque) de son existence. Chacune des parties porte un titre qui, conjointement à la musique, évoque les préoccupations de l’artiste et de l’homme à chaque période de sa vie.
Cette composition n’est ni un pastiche, ni un remix; mais se veut comme un prolongement de ce que Bowie aurait pu faire s’il s’était intéressé à la musique concrète.
Composition et mixage au NanoStu, commande de l’association Alcôme.
Décennie 1 : Something in the air
Décennie 2 : Little soul has growned
Décennie 3 : A lad insane
Décennie 4 : Boy keeps thinking
Décennie 5 : Can’t help singing about me
Décennie 6 : An exploding man
Décennie 7 : This blue bird
9/ SOLIPSISM (Création) 2016 2’50
Un jeu sur guitare acoustique dont les harmoniques, étendues dans le temps et accordées en intonation juste sont enregistrées en multipiste.
Tiré de l’album « Things under ».
10/ COSMOS PRIVÉ 2005 9’15”
Pour Philippe Moreau
Consciemment ou non, chacun tente à sa manière de trouver du sens, un fil conducteur à la succession chaotique des évènements qui jalonnent son existence. Se substitue alors à la réalité une vision intime, des associations d’idées, un enchaînement des causes et des effets dans un ordre qui nous correspond.
C’est alors une suite de fantasmes sonores, où les sons utilisés importent moins que leur enchevêtrement, où les sources sonores naturelles se mêlent aux instruments acoustiques, perdants ainsi leurs caractéristiques reconnaissables pour former des hybrides, des objets sonores en mutation.
Enregistrement au Mexique, Gabon, Italie, France. Mixage au Blue-Box-So. Création à l’auditorium St Germain, Concert GRM le 7 octobre 2012.
11/ CIELS (Création) 2021 8′
à Pierre Jacob
Un rêve d’avion…
Transports de nous
Au dessus de nous
L’œil retourné…
Un voyage immobile et en spirale
Biographie
Jean-Baptiste Favory (Paris 1967)
Jean-Baptiste Favory est compositeur depuis 1990. Il est diplômé en électroacoustique au conservatoire de Boulogne-Billancourt (1996) et du cursus de composition des ateliers UPIC (1999). La plupart de ses œuvres ont fait l’objet d’éditions phonographiques en Europe, Angleterre, Etats-Unis et Mexique.
Jean-Baptiste Favory construit un théâtre sonore de la perception : une plongée dans l’intimité du son, où le temps musical et le rythme intérieur des sons naturels sont accouplés. Il cherche de nouvelles structures temporelles correspondantes à la façon dont il entend le monde et en rends compte musicalement à l’aide de sons provenant de ses voyages ou recherches en studio.
Ce sont des mondes miniatures, où les relations établies entre les objets sonores deviennent au moins aussi importantes que les objets eux-mêmes. Les fantasmes sonores élaborés pour chaque projet sont des hybrides en mouvements ; les personnages vivants d’une dramaturgie où l’illusion du réel transparait dans une illusion de musique, susceptible de modifier notre état de conscience.