Christian Eloy Fold-in 08’00
Agnès Poisson Contretemps 2021 création 8’48
Laurence Bouckaert A man in his world 2021 création 30’00
interprète : Jonathan Prager
Christian Eloy Fold-in 2017 08’00
dédiée à Ying-Chien Wang, joueuse de ehru de grand talent
Commande du “ International Taiwan Music Festival “
Fold-in est une pièce acousmatique dont les sons proviennent intégralement de cet instrument très populaire en Asie, appelé parfois violon chinois : l’erhu.
Lors des prises de son, quelques caractères de cet instrument se sont immédiatement imposés: un grain de son très présent, une forte énergie, un timbre très marqué, le sustain de l’archet très long et très dense, un registre de nuances large et des modes de jeu très variés.
Le revers de ce fort caractère est que nous avons là une instrument très identifiable, parfois connoté, dont les gènes transparaissent dans toutes les manipulations.
Le fold-in (pliage), fait référence aux techniques utilisées en littérature, avec les permutations, par William S. Burroughs et Brian Gysin dans les années 1950/60 dont l’ouvrage The Third Mind réunit ces diverses expériences.
Ces techniques font évidemment penser aux techniques de montage de la musique concrète naissante puis de l’électroacoustique avec l’élaboration d’un vrai langage issu de ces manipulations élémentaires ; on pensera aussi à ces diverses expériences d’œuvres collectives et de cadavres exquis pratiquées dans les années 60 par les studios expérimentaux français.
J’ai donc retenu ces caractères forts de l’erhu (grain du son, sostenuto, timbre, pizzicato, etc.) en gardant les morphologies, les allures et autres critères Schaefferiens, pour ensuite construire le discours dans une relative simplicité de montage et de mixage, y compris ces procédés semblables au pliage.
Merci à Ying-Chien pour ses sons précieux.
Biographie
Né à Amiens où il fait des études de flûte traversière et d’écriture au Conservatoire National de Région, puis au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.
Musicien d’orchestre puis professeur et directeur d’un conservatoire de 600 élèves.
Rencontre décisive avec l’ethnomusicologie, la musique électroacoustique, Ivo Malec, François Bayle, Guy Reibel, le Groupe de Recherches Musicales et l’Ircam.
Professeur de Composition Electroacoustique au Conservatoire National de Région de Bordeaux. Animateur de l’atelier de Musique Electroacoustique Assistée par Ordinateur du Groupe de Recherches Musicales de l’Ina et de l’ADAC Ville de Paris.
Chargé de cours en musicologie dans les universités Paris 1, Bordeaux I et Bordeaux III.
Président fondateur de l’association de compositeurs Octandre . Cofondateur et Directeur artistique (12 ans) du SCRIME, studio de création et de recherche en informatique musicale électroacoustique implanté dans l’Université Bordeaux 1.
Compositeur d’une cinquantaine d’œuvres instrumentales, vocales, électroacoustiques, et pédagogiques (contes électroacoustiques et opéras pour enfants), dont plusieurs commandes d’état et de Radio France.
Plusieurs distinctions dont le prix de la Communauté Européenne « Poésie et Musique » , le prix de la » Révolution électroacoustique » et le prix « François de Roubaix » au festival mondial de l’image d’Antibes.
Partitions éditées chez Lemoine, Billaudot, Combre, Consortium musical, Jobert, Fuzeau, Notissimo, Questions de tempéraments
Publications aux PUF (France), Confluences (France), Johnston Ed.(Irlande), MIT press (US), Le mensuel littéraire et poétique (Belgique).
Agnès Poisson Contretemps 2021 création 8’48
Mais peut-être que cette symphonie de sons perçus après une intervention chirurgicale n’était que de mes sens abusés sous les effets des anesthésiants.
Pendant ces longues heures d’insomnie, j’ai perçu des douleurs très variées les unes des autres, les ai écoutées, apprivoisées, en ai capté des matières sonores pulsées, granuleuses, élancées, diffuses, acides, graves, avec des bandes passantes plus ou moins larges comme une onde électrique qui se diffuserait à travers le corps dans des circuits plus ou moins obstrués, rendant la circulation difficile provocant des frottements, des égratignures, des accidents sonores.
J’ai écouté ces sons et m’en suis abreuvée, oubliant d’avoir mal.
Était-ce une réalité dont je connaissais le vocabulaire pour en décrire les effets ?
Petit à petit les douleurs se sont atténuées et le corps n’a plus diffusé des sons bizarroïdes, tout est devenu plus lointain, plus calme, apaisé.
Ai-je rêvé ? Était-ce des effets de mon imagination pour en adoucir les causes ?
J’ai essayé de retrouver ces sons en les parsemant dans ces quelques minutes de musique sans désirer vraiment m’engluer de nouveau dans cette ambiance sonore d’enfermement ni le faire supporter à l’auditeur.
Clin d’œil sur le son des cours en distanciel, ces modulations de circuit électrique et ces phonèmes qui se mélangent entre eux, créant malgré le confinement, dans ces voix retrouvées un retour à la légèreté.
Biographie
Compositrice depuis fort longtemps, a jalonné différents secteurs de l’activité musicale ; violoncelliste, musicienne pour le théâtre, musique improvisée. Le passage à la musique électroacoustique avec entre autres des musiques de concert, des installations sonores avec Daniel Bisbau, des musiques d’exposition accompagnant des peintres, des sculpteurs, lui a permis de vivre de la composition. De retour depuis peu à la musique pour le théâtre, elle continue dans l’accompagnement d’étudiants pour leurs films d’animation, et répond de temps à autre à de (rares) commandes dans divers domaines.
Laurence Bouckaert A man in his world 2021 création 28’20
Commande de Motus avec le soutien de la Sacem
A Louise
A man in his World est un R.A.R., un récitatif accompagné radiophonique, qui a le plaisir de
voir le jour en création au Festival Futura. L’idée générale est partie d’un monde devenu un
peu fou qui a perdu la tête et les mots. Pour tenter de se redresser, l’espèce humaine, dans
ce récit, se réfère aux machines ouvrant sur une autre forme de communication.
L’intégralité des structures sonores premières a été façonnée à l’aide de séquences de jeu
de musique improvisée. Et ceci est spécifique, dans le sens où ces séquences sont réalisées
à l’aide du Karlax. Ce contrôleur MIDI permet la production sonore associée à un geste. Le
rapport geste/son s’installe, tel un instrument acoustique associé à l’énergie du corps. Il
produit des événements sonores, déjà agencés en petites structures indépendantes. Ce
mode de production rend d’emblée le sonore vivant.
Merci à Michel, Marie-Hélène, Hugues, Dominique, Véronique et Olivier qui m’ont prêté
leurs sons, leur voix et leur savoir-faire. Les textes sont issus de « Machines
nécrophoniques » de Philippe Baudouin in Le Royaume de l’au-delà de T. A. Edison (éditions
Jérôme Million).
Laurence Bouckaert, juillet 2021
Biographie
Dans la pratique artistique de Laurence Bouckaert tout oscille entre deux pôles :
Electroacoustique et nouvelles lutheries, composition et improvisation, produites seule ou en collectif. Son travail s’inscrit dans le spectacle vivant, en solo ou à plusieurs.
Ainsi s’équilibre les expériences de LB, par deux.Initialement nourrie à la musique de sons fixés, elle a réalisé plusieurs musiques acousmatiques en stéréo ou en multi-pistes aussi bien pour le concert, que pour des installations et des expositions. Au gré des rencontres, elle s’est enrichie d’autres liens musicaux en collaboration avec la danse, le multimédia, la sculpture, la poésie, la voix, le théâtre ou encore la vidéo. Ceci l’a conduite à se produire tant avec les institutions et les compagnies qu’avec les milieux alternatifs (INA-GRM, CDMC, Motus, Ecole Normale de Musique, le Palais de Tokyo, la Cité de la Musique à Paris, les Voûtes, la Guillotine …).Ses musiques ont été présentées dans le cadre de festivals internationaux : Mexique, Allemagne, Angleterre, Portugal, France.En 1997, elle co-fonde le collectif des Phonogénistes (Francis Larvor, Pierre Couprie et LB) qui l’ouvre sur le champ des musiques improvisées et du jeu sonore en temps réel. Ils sont particulièrement tournés vers l’interdisciplinarité. En 2012, elle participe à la création du collectif ONE (PUCE MUSE-Espace musical), et découvre le Karlax (contrôleur MIDI élaboré). Son répertoire s’étend du ciné-concert jusqu’à l’invention permanente de forme concert a-typique, mêlant l’image et le travail de la scène. Elle tisse des liens musicaux toujours féconds dans l’improvisation, grâce auxquels sa pratique s’étend au travers d’autres partenaires : Moon Module avec Hugues Genevois et Déjà-Là , un trio avec Hugues et Michel Risse.
L.B. articule son métier de compositeure et sa pratique de l’improvisation avec l’éducation et la transmission. (Universités, Philharmonie de Paris, professeur de musique électroacoustique au conservatoire). L’un vient nourrir l’autre dans une circulation fluide et continue.