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Concert 14 : Les eaux s’accordent
INTERPRETE JONATHAN PRAGER
Anne-Laure Lejosne Entre deux eaux [2024] 10’21
Sarah Clénet L’eau à la source [2024] 09’56
Camille Lacroix Concrétions [2024] 10’01
Aude Rabillon Au loin l’intranquille [2024] 10’00
Christine Groult Coda [2024] 20’17
Cinq compositrices explorent différents sites emblématiques de Saint-Nazaire : Montoir-de— Bretagne, entre la Brière et son estuaire avec ses terminaux du port maritime, Besné, commune de Brière engagée dans l’Atlas de la biodiversité, Saint-Nazaire à l’embouchure de la Loire avec son littoral maritime et Donges en bordure des raffineries. Avec leurs microphones, elles ont sondé ces eaux multiples si précieuses à notre planète et écouté ce qu’elles ont à nous conter.
Production : Athénor CNCM, Saint-Nazaire — Soutiens : Saint-Nazaire Agglomération — Département Loire- Atlantique dans le cadre du Projet Culturel de Territoire — PNR de Brière — La Maison Musique Contemporaine — Ville de Saint-Nazaire — Ville de Besné — Ville de Montoir-de-Bretagne — Ville de Donges
Anne-Laure Lejosne Entre deux eaux [2024] 10’21
De la Loire, modelée par les usines au fil du temps, avec son eau remuante et son port industriel, jusqu’aux marais de Brière, en passant par les vrombissements aériens de l’usine Airbus, les paysages de Montoir-de-Bretagne (proche de Saint-Nazaire, 44) sont hétéroclites et intriguent. Les espaces se confrontent ou se confondent dans un foisonnement de fracas métalliques, de déversements, d’écoulements, de couinements, de grincements et d’éclats de voix.
Après une formation de flutiste au Conservatoire de Nantes et un diplome de Master Image et Son à l’Université de Bretagne Occidentale, Anne-Laure Lejosne travaille 11 ans au sein de la radio associative nantaise Jet FM et de son festival Sonor, dont elle assure la programmation. Sa rencontre avec Annette Vande Gorne, lui ouvre de nouvelles pistes musicales acousmatiques.
Aujourd’hui elle poursuit son cheminement expérimental en indépendante, pour le spectacle vivant et la radio. Spécialisée dans la prise de son binaurale, pour des enregistrements de terrains, musicaux ou des pièces de théâtre, elle accompagne la violoncelliste Soizic Lebrat depuis 2016, dans son projet de recherche-création, Radiophonium. De ce laboratoire découle 3 projets musicaux immersifs : Bach to 3D, Tu vois je t’ecoute et InEcoute. En 2021 elle rejoint le projet Ex Situ, dirigé par le saxophoniste Tristan Ikor et dont le premier volet prend place à Saint-Nazaire et Trignac. Elle compose aussi régulièrement avec l’artiste sonore et plasticienne Izabela Matos.
Elles ont produit une émission de 22 heures pour Radio Art Zone, à l’occasion de « Esch 2022, Capitale Européenne de la Culture » au Luxembourg. En parallèle de ses activités de composition, elle aime animer des ateliers en milieu scolaire, autour de la création radiophonique, la captation, les traitements des sons, de la voix…
Sarah Clénet L’eau à la source [2024] 09’56
Vers quelle intériorité un paysage de marais nous emporte-t-il ? Tel un territoire mouvant, une zone de marais s’enveloppe de multiples regards plus que d’un seul. Espace naturel dont les paysages changent tout au long de l’année selon le niveau des eaux et de la météo. Territoire de couches — eau, vase, tourbe, roseaux, ciel, aux lignes qui s’entremêlent, paysage qui s’étend à l’horizontale.
Parfois, on n’y dérive sur des nuages. Le paysage devient onirique et c’est cette invitation au rêve qui m’a intéressé. J’ai cherché à quitter le caractère anecdotique du paysage pour élaborer un scénario musical, telle une traversée sensorielle et mentale aux frontières troubles, un voyage en nous et loin de nous.
Sarah Clénet est contrebassiste et compositrice formée auprès d’André Serre-Milan. Elle se consacre à la création musicale au sens large : écriture instrumentale et vocale, écriture électroacoustique et radiophonique, performance. Elle mêle étroitement écriture poétique et paroles recueillies, matière bruitiste et électronique mobilisant des expériences intimes : le voyage comme aventure, la relation à l’autre comme richesse, la poésie comme art du quotidien. Sa recherche traduit son attachement à la liberté d’être soi. Elle mène également des projets à la croisée des disciplines avec de la danse, de la vidéo ou du théâtre. Ses pièces sont diffusées à la radio et dans des festivals (Présences, Futura, Sonor, Muzzix et associés, Détours de Babel, Instants Fertiles, Paysages, Festival de l’eau…). Elles sont parfois le fruit de commandes (InaGrm, CNCM, Conservatoires de musique).
Camille Lacroix Concrétions [2024] 10’01
« Concrétions », mouvement composé à partir de sons enregistrés sur la façade atlantique, présente un paysage sonore érodé par des rafales et déferlantes de bruits blancs. Une évocation des passages, des flux et reflux qui remodèlent lentement et perpétuellement cette frange mouvante du littoral, menacé de dissolution.
Pièce bénéficiant de l’aide à l’écriture d’une Œuvre Musicale Originale du Ministère de la
Culture-Préfet de la Région Pays de la Loire.
Camille Lacroix est une compositrice et artiste sonore basée à Paris. Elle étudie la scénographie à l’ENSAD et la composition électroacoustique au CRD de Pantin. Son travail évolue actuellement entre les champs de la musique, des arts plastiques et de la performance.
Elle compose des pièces acousmatiques, parfois dans le cadre de commandes (« Quatres hymnes mous » [2023], commande d’Ici l’onde ; « Concrétions » [2024], commande d’Athénor ; « Bouche de ventilation » [2024], commande de Motus / Festival Futura).
Sa pièce « Quatre hymnes mous » est finaliste du prix Russolo 2024 ; sa pièce Grabüg-eûment est lauréate du Concours Petites Formes 2022 (TPMC).
Elle travaille depuis 2022 sur un projet pluridisciplinaire inspiré par un texte de Marcel Duchamp, qui se décline sous la forme d’une pièce électroacoustique (Transformateur destiné à utiliser les petites énergies gaspillées, 2022), d’un livret illustré (D.U.S.T., 2022) et d’une série de performances sonores (Générateur de tensions, 2023 ; Ventilateur, 2024). Dans le cadre de ce travail performatif, elle conçoit des dispositifs sonores et sculpturaux qui transforment les corps en « ready-made vivants et haut-parlants à basse performance énergétique ».
Aude Rabillon Au loin l’intranquille [2024] 10’00
Pièce bénéficiant de l’aide à l’écriture d’une œuvre musicale originale du Ministère de la Culture-Préfet de la Région Pays de la Loire
De loin, Donges offre aux premiers regards la verticalité de ses cheminées d’usine — beautés inquiétantes, là où brûlent les torchères de flammes qui ondoient à travers les herbes hautes. Située sur la rive nord de l’estuaire de la Loire, la raffinerie Total, massive, inquiétante et impénétrable, côtoie un site naturel de 200 hectares de roselières qui ploient sans rompre au vent.
Au loin l’intranquille fait entendre les différents seuils de l’incertain, qui à tout moment peut basculer du ténu au remous, de l’inquiétude au danger. Le chuintement du vent dans les roseaux, le clapot du fleuve et le bourdon lointain de la raffinerie ensemble bruissent et se tissent en toile de fond, mettant l’oreille aux aguets et en tension — à tout instant l’étincelle peut s’embraser.
Une musique du vacillement, de l’incertitude et des métamorphoses.
Aude Rabillon explore dans ses pièces les porosités entre écritures musicales et radiophoniques, dans lesquelles voix, éclats, bourdon, fieldrecording, séquence documentaire et son électronique trouvent place, se jouant du hors-champ, à l’écoute du grain du monde et de ses surgissements.
Ses pièces sont jouées au Festival Musiques Démesurées de Clermont Ferrand (Latences, 2019), à la Maison de la Poésie de Nantes (Poèmes haut parlants, Lieu Unique, 2019), aux Instants Chavirés (Montreuil points d’écoute, 2021), à l’Opéra Graslin de Nantes (Voix tracées, 2022).
De 2020 à 2023, elle compose Pour ne plus taire un triptyque autour des violences sexuelles et patriarcales. Pour ne plus taire les jours où est jouée au Festival Supersonique à Marseille ; C’est. Et tu n’entends pas comme c’est à la Cité de la Musique de Marseille et Briser la nuit au Festival Futura en 2023. Elle joue cette dernière sous une forme live au Festival Variations, au Lieu Unique à Nantes en avril 2024, dans un concert partagé avec Soizic Lebrat en lien avec leur album Lune captive (label Tsuku Boshi, 2023).
Elle compose aussi pour le spectacle vivant, notamment pour la chorégraphe Pauline Tremblay.
En décembre 2024, elle créera sa première pièce de musique mixte pour l’Ensemble 20 degrés dans le Noir au Pavillon de la Sirène à Paris, et à l’automne 2025, une collaboration avec la compositrice Erell Latimier verra le jour : Des espaces alliés, scénographie sonore en multiphonie autour des dimensions politiques et poétiques des voix et du langage.
https://auderabillon.wordpress.com/
Christine Groult Coda [2024] 20’17
Pièce bénéficiant de l’aide à l’écriture d’une Œuvre Musicale Originale du Ministère de la Culture-Préfet de la Région Pays de la Loire.
La coda, cinquième mouvement de cette symphonie Nazairienne tente un enchevêtrement de cette multitude d’atmosphères qui se juxtaposent et se croisent sur ces quatre territoires où tout est immense, démesuré, contrasté. Un style bigarré à l’image de cette ville qui ne cesse de se réinventer. Qui malgré les blessures visibles ou invisibles qui lui ont été infligées par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, malgré des événements déstabilisants, des conditions de vie difficiles, des traumatismes parfois sévères dus à la forte industrialisation internationale semble toujours capable de trouver des solutions constructives.
Si les moyens électro-acoustiques sont au cœur de la démarche compositionnelle de Christine Groult, la qualité expressive des sons choisis et l’émotion qui s’en dégage demeurent cruciales pour elle, aussi bien au moment où elle décide de les enregistrer qu’à celui où elle les transforme, car, ce qui l’intéresse avant tout, « c’est le potentiel poétique des sons et la recherche de nouvelles dramaturgies ».
J.Y. Bosseur
Elle conçoit des scénographies musicales qui unissent la musique et le lieu dans des sites porteurs d’imaginaire. Elle pratique la composition concrète/acousmatique et poursuit sa recherche sur le live et la collaboration avec des instrumentistes expérimentaux.
Christine Groult a été élève à la fois, au Groupe de Recherches Musicales (GRM) de Radio France, au conservatoire expérimental de Pantin et à la Sorbonne en musicologie et linguistique. Elle a été assistante au département de pédagogie à l’IRCAM. Ensuite, titulaire du CA, elle a enseigné la composition électroacoustique au Conservatoire de Chalon-sur-Saône puis de Pantin jusqu’en 2015.
http://www.musicinsitu.com