15:00
Concert 13
/// FOCUS JAPON
INTERPRETE NATHANAELLE RABOISSON
Vincent Laubeuf Le Rêve de Yoroboshi [2024 création] 25’00
Paul Ramage Le temps que le brouillard se dissipe [2018] 09’55
Yôko Higashi & Lionel Marchetti Les Oiseaux [2018] 20’00
Vincent Laubeuf Le Rêve de Yoroboshi [2024 création] 25’00
Cette pièce a pour départ un Nō moderne de Yukio Mishima, intitulé Yoroboshi. Un texte à la fois riche sur les sensations qu’ils procurent, mais aussi complexe sur les significations multiples (notamment, par son utilisation de symboles bouddhistes et les liens subtils qu’il tisse avec le théâtre Nō traditionnel).
Ce que je traite spécifiquement, c’est la fin du texte de Mishima, où le personnage central de la pièce, Toshinori, exprime ce qu’il a perçu lors du bombardement qui lui a fait perdre la vue : une vision de la fin du monde à travers un univers en flammes, qui deviendra la seule réalité à laquelle il se sent appartenir.
C’est un récit hallucinatoire, c’est une mise en perspective de l’hypocrisie d’un monde voué à la destruction. C’est l’horreur de la guerre qui rend fous les humains, c’est l’impossibilité de communiquer sur cette fin du monde.
Le texte n’est pas présent lui-même, il est seulement une inspiration sonore et formelle
Cette musique est composée de 3 parties, chacune portant un titre issu du texte.
- Partie 1 : « Des averses de flammes tombent du ciel »
« Regardez ! Des averses de flammes tombent du ciel ! Toutes les maisons prennent feu. Les fenêtres des immeubles vomissent des flammes. Je vois clairement le ciel tout plein d’étincelles. Les nuages bas sont d’une vénéneuse couleur pourpre, et se reflètent dans une rivière d’un rouge éclatant. La dure silhouette d’un grand pont métallique s’y profile. Il est poignant de voir un grand arbre enveloppé de flammes ; son faîte tout embrasé d’étincelles s’agite au vent. Les arbustes et les bosquets de bambous portent tous le blason et la livrée du feu. Partout palpitent les bannières du feu. » - Partie 2 « C’est un son étrange, gémissant »
« Tout est pourtant étrangement calme. Et, dans ce calme, comme le gong d’un temple, un seul son résonne et rebondis dans toutes les directions. C’est un son étrange, gémissant, comme si quelqu’un psalmodiait les É>critures bouddhiques. Que pensez-vous que ce soit ? Qu’en pensez-vous ? Mademoiselle Sakurama, ce ne sont ni des paroles ni des chants, c’est le râle de l’humanité qui meurt. » - Partie 3 « je n’ai vu que le soleil couchant »
>Remerciement à Hiroko Higuchi
>Parmi les prises de sons utilisées, certaines ont pour origine :
- du théâtre nō classique : Kiyotsune « Koi-no-netori » et « Yoroboshi » ;
- des cérémonies bouddhistes ou des récitations de soutra : à Hyakumanben Chion-ji, Kyoto, ou au To-ji, Kyoto…
- des ambiances dans le parc de Mémorial de la Paix d’Hiroshima
Cette pièce est une partie/un premier essai, d’un projet plus ambitieux qui sera avec voix danse buto, vidéo, électronique… et qui sera basé sur l’ensemble du texte de Mishima
Cette pièce fera l’objet d’une publication CD prévu en avril 2025, dans un double-CD « Carnets du Japon » consacré à Vincent Laubeuf, disponible en prévente
Créateur de musiques instrumentales et acousmatiques, concepteur d’installations et improvisateur, mais également directeur artistique, Vincent Laubeuf mène de front de multiples activités autour de la création sonore. Chacune de ses expériences lui permet d’explorer ses idées en partant de « points de vue » différents.
En tant que compositeur, il est régulièrement invité dans les studios tels que ceux de l’Ina-GRM ou de la Muse en Circuit et écrit pour des ensembles tels que l’Instant donné, Court-Circuit ou l’Onceim. Il a composé plus d’une centaine d’œuvres qui sont jouées aussi bien en France qu’à l’étranger (Pékin, Tokyo, New York, Genève, Vienne).
En tant que musicien électroacoustique, il a joué avec Hugues Vincent, Polo, Paul Ramage, Frédéric Blondy… dans des lieux tels que le Petit Faucheux à Tours, le Palais de Tokyo, ou lors de plusieurs tournées au Japon. Il a également joué la partie électroacoustique de Kontakte de Karlheinz Stockhausen au festival d’Automne (Amphithéâtre de l’Opéra Bastille et TGP CDN de Saint-Denis) avec L’Instant donné et Motus.
Vincent Laubeuf est également, depuis 2007, directeur artistique de la compagnie musicale Motus et du festival Futura. Il est depuis 2021 professeur de composition électroacoustique à l’ENM de Villeurbanne.
www.vincent-laubeuf.com
Paul Ramage Le temps que le brouillard se dissipe [2018] 09’55
Réalisée au studio personnel du compositeur
Commande pour le musée Guimet à Paris.
À partir du disque : Japanese masterpieces for the shakuhachi_(Lyrichord_MX4205_1989)
« Est-ce le son du brouillard —
presque imperceptible
entre les bouleaux ? »
(Mizuhara Shûôshi).
Paul Ramage est violoniste, improvisateur et compositeur.
Après une rencontre avec Didier Lockwood (dont il intégrera l’école en 2003), il s’intéresse au jazz et aux musiques improvisées. Parallèlement il poursuit ses études de violon classique au CRR de Cergy-Pontoise dont il sortira avec un D.E.M de jazz et de violon. En 2013 il obtient son D.E.M de composition électroacoustique au conservatoire de Paris, dans les classes de Denis Dufour et Jonathan Prager. Il obtient ensuite un Master de composition électroacoustique à l’INA_GRM. Enfin, il suit le cursus de composition et d’informatique musical de l’IRCAM.
Compositeur d’une cinquantaine d’opus, tant acousmatiques que mixtes ou instrumental, il a joué et été joué dans divers pays (France, Espagne, Italie, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Japon, États-Unis, Chine…). Il est lauréat du prix Métamorphose (Musique et recherche) du second prix Russolo (Fondation RussoloPratella [ltalie]/Studio Forum d’Annecy) et titulaire du certificat d’aptitude (C.A) de composition électroacoustique. Il enseigne la composition et la création sonore au Conservatoire et au Pôle Supérieur de Paris et s’emploie à faire vivre la création sur tous ses versants.
Yôko Higashi & Lionel Marchetti Les Oiseaux [2018] 20’00
« Tu regardes la nuit, mon Astre : que ne suis-je
Le ciel aux millions d’yeux pour mieux te contempler ! »
Platon
« La voix choisit d’affronter le Cercle.
C’est pourquoi elle sort, s’extirpe, juste là — devant nous.
Et elle circule, très vite, de plus en plus vite.
Elle accélère.
Rien de vraiment sphérique, cependant, dans tout ça : des bouts, quelques fragments ou quelques éclats ; des entités, des espèces de présences qui cherchent, dirait-on, à dire quelque chose.
Mais depuis où ?
Alentours, l’espace hésite…
L’espace se demande.
L’espace se recroqueville.
Et la voix en profite.
Elle file, s’échappe, se perd.
Elle ralentit le temps qui dès lors, se démonte.
Comme si ses racines (une partie de ses racines, tout au moins) voulaient en profiter pour s’implanter, puis de nouveau grandir — autrement. Elle observe, tourbillonne, s’extrait, combat, ose, se blesse, se cache, grignote et enfin, elle respire. Elle a trouvé, semblerait-il, caché dans une faille, un autre type de temps.
Elle abandonne alors tout d’abord le cercle (n’est-ce pas là le moment rêvé pour s’échapper ?) elle brise les mailles de l’étrange machine mécanique, se partage, se divise — s’imaginant, un instant, naïve, être de nouveau une boucle.
Elle en oublie même, finalement, ce pour quoi elle était là et se retrouve, dehors, définitivement seule.
Parcours, géographies, dérives.
Autre espace, autre lumière.
Au-delà du temps ; au-delà, dirait-on, de la voix. »
L. M.
Yôko Higashi (1974, Yokohama, Japon) est une performeuse, chanteuse, danseuse butô et chorégraphe basée à Lyon, France.
Son travail a été largement diffusé à la radio nationale française, au GRM (Présences électroniques, 2012), et recomposé au prix Métamorphose d’Orphée à Bruxelles en 2008
yokohigashi.bandcamp.com
Lionel Marchetti est compositeur de musique concrète. Tout d’abord autodidacte, il explore ensuite le répertoire de la musique concrète, en tant qu’art acousmatique, avec le compositeur Xavier Garcia1 en 1989-90 au COREAM (Collectif recherche électroacoustique et action musicale) à Fontaine (Isère). Il compose ensuite dans les studios du Groupe de Recherches Musicales à Paris, du Groupe de musiques vivantes de Lyon, de La Muse en circuit à Alfortville, de Césaré à Reims, du Gmem au Centre national de création musicale à Marseille, au Centre de formation des musiciens intervenants (CFMI) de Lyon et ainsi que dans son studio personnel. Parallèlement, Lionel Marchetti poursuit un travail d’écriture poétique 2,3, ainsi qu’une approche théorique de la musique concrète et de l’art du haut-parleur, en tant qu’artiste praticien du genre.
Son livre La musique concrète de Michel Chion reste le plus remarqué — ainsi que son essai Haut-parleur, voix et miroir… — essai technique sous forme de lettre 5.
Son catalogue est riche à ce jour de plus d’une centaine d’œuvres concrètes.
Depuis 1990, il dirige annuellement un atelier autour de l’art de la musique concrète et des techniques électroacoustiques au CFMI de Lyon à l’Université de Lyon 2.